Méthodes & liberté

Il y a mille façons d’ouvrir un carnet.

Certaines sont lentes et rituelles : une tasse chaude, une bougie, un soupir.
D’autres sont vives et spontanées : l’encre qui coule plus vite que les pensées, une urgence à tout dire.
Mais derrière chaque page, il y a un même désir : celui d’habiter son monde intérieur.

Je te propose donc aujourd’hui de passer des intentions aux gestes.

Tu as peut-être déjà un joli carnet, ou l’envie d’en choisir un. 

Peut-être aussi quelques doutes : par où commencer ? comment s’y tenir ? et surtout… est-ce que je fais bien ?

Laisse ces questions se déposer comme une pluie douce. 

Ce que nous allons explorer ensemble, c’est la liberté d’écrire. 

Et les nombreuses manières de la pratiquer.

Le cœur du journaling : écrire pour soi

Avant d’entrer dans les détails, une chose essentielle :
👉 Le journaling n’a aucune obligation de forme, de style ou de régularité.
Ce n’est ni une dissertation, ni une démonstration. Ce n’est pas une vitrine, ni un devoir à rendre.

C’est un lieu à soi. Un refuge, un miroir, un atelier secret.

Tu peux l’utiliser pour :

• réfléchir,
• t’apaiser,
• créer,
• rêver,
• faire le tri,
• te souvenir,
• ou juste poser des mots sans savoir pourquoi.

Alors oui, il existe des méthodes, mais aucune n’est la bonne. Elles ne sont que des pistes. Tu pourras les suivre, les mixer, les abandonner, les réinventer.
L’important n’est pas de tenir un journal, mais de t’y sentir tenue – en sécurité, libre, bienveillante envers toi-même.

1. Les grandes méthodes de journaling : choisis ton chemin

Voici quelques façons de t’approcher de ton journal. Peut-être que certaines te parleront plus que d’autres… Écoute ce qui résonne.

✍️ 1. Le free writing : écrire sans filtre

C’est l’une des méthodes les plus puissantes pour commencer.
Le principe : tu écris tout ce qui te passe par la tête, sans t’arrêter, sans te relire, sans corriger.

Cela peut être du « n’importe quoi » : des mots en vrac, des phrases sans fin, des répétitions.
Mais ce chaos apparent est souvent un véritable trésor : on laisse enfin parler l’inconscient, le corps, l’émotion brute.
Cela peut libérer beaucoup plus que ce qu’on pensait écrire.

💡 Astuce : mets un minuteur de 5 à 15 minutes. Écris sans lever le stylo.
Quand tu reliras plus tard, tu seras surprise de la clarté qui émerge du flot.

🗝️ 2. Le journaling guidé : des questions pour t’ouvrir

Tu te sens bloquée ? Tu as besoin d’un fil conducteur ?
Les journaux guidés sont là pour ça.

Chaque jour (ou chaque semaine), tu réponds à une ou plusieurs questions ciblées. Cela donne un cadre rassurant.

Quelques exemples :

• Qu’est-ce qui m’a fait sourire aujourd’hui ?
• Qu’est-ce que j’aimerais changer dans ma vie ?
• Quel est mon plus grand rêve oublié ?
• De quoi ai-je besoin, là, maintenant ?

Tu peux aussi créer ton propre jeu de cartes avec des questions inspirantes, et en tirer une au hasard.

🎁 Bonus : je te proposerai un petit PDF à imprimer avec 52 questions, dans un prochain article…

📆 3. Le journal à thème (ou par jour de la semaine)

Si tu aimes la structure, tu peux attribuer un thème par jour. Cela te permet de varier, tout en créant une routine.

Par exemple :

• Lundi : humeur de la semaine
• Mardi : gratitude
• Mercredi : créativité / rêves
• Jeudi : réflexion personnelle
• Vendredi : projets & organisation
• Samedi : souvenirs / passé
• Dimanche : bilan + intention

Ce format donne une stabilité tout en laissant de la place à l’improvisation.

Tu peux aussi choisir un seul thème pour un mois entier. Par exemple : « apprendre à m’aimer », « oser dire non », « ralentir », etc.

🌙 4. Le journal rituel : accompagner un moment clé

Certains journaux s’écrivent à des moments précis :

• le matin (Morning pages)
• le soir (pour apaiser le mental)
• à la Nouvelle Lune ou à la Pleine Lune
• à chaque anniversaire, chaque saison, chaque date symbolique

Ces rituels ancrent l’écriture dans un rythme plus vaste que soi. On inscrit ses émotions dans le temps, on dialogue avec les cycles.

✨ 5. Le journal de l’instant : écrire quand l’appel se fait

Enfin, il y a les journaux « intuitifs », ceux qu’on n’ouvre que quand on en ressent le besoin.
Ce n’est pas moins valable.
Il peut s’écouler des semaines sans un mot… puis une nuit entière à tout déverser.
Ce type de journal suit le battement profond de ton vécu.

2. Créer ta propre routine

Maintenant que tu as vu les formes possibles, vient la vraie question :
👉 Qu’est-ce qui te convient à TOI ?
Et surtout : comment faire en sorte que ton journal t’accompagne au quotidien… sans devenir une contrainte ?

Voici quelques pistes pour créer ta routine personnelle :

🔹 1. Choisis ton moment

Matin, soir, pause déjeuner, pleine lune ?
Fais des essais. Certains préfèrent écrire à chaud, d’autres avec recul.
Observe quand ton esprit est plus disponible, et surtout quand cela te fait du bien.

🔹 2. Crée un petit rituel

Même un geste simple : allumer une bougie, choisir une plume, mettre une musique douce, verser un thé…
Ton cerveau associera ce moment à un espace sacré, une bulle hors du tumulte.

🔹 3. Commence petit

Pas besoin d’écrire trois pages par jour.
Une ligne suffit. Une phrase. Un mot.
C’est la régularité douce qui crée la magie.

“Aujourd’hui, j’ai aimé le ciel rose.”
“Je suis fatiguée, mais je suis là.”
“Merci pour ce pain chaud.”

🔹 4. Garde ton journal accessible

S’il est rangé dans une boîte trop belle pour être ouverte… tu risques de ne jamais l’ouvrir.
Laisse-le à portée de main, de regard, de cœur.

🔹 5. Accepte que ta routine change

Un jour tu écriras chaque matin.
Le mois suivant, tu n’ouvriras pas ton carnet.
Puis viendra une période où tu noteras chaque rêve au réveil…

Et tout cela est parfaitement normal. Le journaling est un être vivant. Il change avec toi.

3. Un conseil-clé : flexibilité & bienveillance

On peut vite tomber dans des pièges :

• culpabiliser de ne pas écrire assez
• s’auto-juger : “ce que j’écris n’a aucun intérêt”
• vouloir que chaque page soit “belle”

Et pourtant, ton carnet n’est pas là pour te juger.
Il est là pour t’accueillir. Telle que tu es. Même les jours vides. Même les pages moches.

🖤 Ton journal est un lieu de vérité, pas de perfection.

La bienveillance, c’est te permettre d’écrire mal, peu, trop.
La flexibilité, c’est oser changer de méthode, sauter des pages, recommencer.

Ce n’est pas un challenge Instagram.
C’est un acte d’amour envers toi-même.

Pour t’inspirer…

Quelques idées pour te lancer dès aujourd’hui :

💌 Laisse-toi une lettre du futur.
Imagine-toi dans un an. Que veux-tu lui dire ? Que veux-tu qu’elle sache ?

📖 Fais dialoguer deux parties de toi.
La toi confiante et la toi fatiguée. Que se disent-elles ?

🎲 Tire une carte (oracle, tarot, question) et écris à partir de là.
Quel écho cela provoque en toi ?

📜 Recopie une citation qui t’émeut.
Puis écris ce qu’elle éveille.

Pour conclure : écris comme on respire

Si tu devais retenir une seule chose de cet article, ce serait ceci :
👉 Écris comme on respire.
Pas pour bien faire. Pas pour montrer. Juste pour vivre.

Il n’y a pas de bonne méthode. Il n’y a que la tienne.
Et elle sera changeante, mouvante, vivante.
Comme toi.

Et toi, quelle est ta manière d’écrire ?

Viens me murmurer ta réponse sous l’article.

Avec douceur et encre noire,

Sandrine

Retrouve tous mes articles sur le Journaling ICI

Pourquoi écrire change tout ?

7 raisons de commencer un journal

Il y a dans le simple fait de prendre un stylo et d’ouvrir un carnet un pouvoir que l’on sous-estime. Comme une clé invisible qu’on glisse dans une serrure intérieure, un rituel qui déverrouille les mondes enfouis. 

Pourquoi écrire change tout ? 

Laisse-moi te chuchoter quelques réponses, entre l’intime et l’universel.

---

1. Écrire, c’est faire le tri dans le chaos

Quand tout semble flou, saturé, bruyant (la to-do qui déborde, les pensées qui tournent en boucle, les émotions en vrac) écrire, c’est mettre de l’ordre dans le désordre. Ce que tu poses sur le papier, tu n’as plus à le porter. Et ça, c’est un soulagement immense.

Je me souviens d’une nuit d’insomnie, où mille pensées tambourinaient contre mes tempes. Trop d’angoisses, de fatigue, de responsabilités. J’ai attrapé un vieux carnet à moitié rempli et j’ai tout déversé : la peur de ne pas y arriver, le poids de la solitude, les rêves que je n’osais plus formuler. Au matin, tout n’était pas « réglé », non. Mais j’étais plus claire. J’avais retrouvé de l’air.

Écrire, c’est ça : un tamis pour les pensées confuses. Une façon douce de t’écouter vraiment.

---

2. Écrire t’aide à mieux te connaître

On croit se connaître, et pourtant… 

Tant de nos réactions, désirs, colères ou besoins restent dans l’ombre. 

Le journal, c’est un miroir sincère, sans jugement. Il t’offre un espace de vérité.

En relisant de vieux carnets, j’ai souvent été surprise par la lucidité de certaines pages, écrites dans un moment de trouble. Comme si ma main avait su avant ma tête. D’autres fois, j’ai vu des schémas revenir, des boucles. Et petit à petit, j’ai compris ce que je cherchais vraiment.

Tenir un journal, c’est dialoguer avec soi-même. Ce n’est pas toujours confortable, mais c’est toujours éclairant. Et cela nous rend plus honnêtes, plus libres.

---

3. Écrire pour traverser les émotions

Il y a des chagrins qu’aucune oreille ne peut entendre entièrement. Des colères qui n’ont pas de mots, ou des joies qu’on n’ose pas dire. Le journal devient alors un confident, un contenant. Il accueille tout. Il ne juge pas. Il est là, simplement.

Quand j’ai perdu une personne chère, c’est l’écriture qui m’a tenue debout. J’écrivais pour elle, pour moi, pour ne pas me noyer. Les larmes coulaient sur le papier. Et ce papier les recevait comme une mère silencieuse. À travers l’écriture, j’ai pu nommer la peine, puis la transformer. Elle ne m’a pas quittée, mais elle a cessé de m’étouffer.

L’écriture est un baume. Elle prend les émotions à bras-le-corps et les rend respirables.

---

4. Écrire nourrit la mémoire et l’intuition

Dans nos vies accélérées, les jours passent, les moments se superposent, les souvenirs s’effilochent.

Écrire dans un journal, c’est créer des balises. Des empreintes. Des éclats de vérité qu’on pourra relire plus tard.

Mais c’est aussi un exercice de présence. Un entraînement à l’écoute fine. Quand tu notes ce que tu as ressenti face à une décision, ou ce que ton corps t’a murmuré face à un choix, tu affines ton intuition. Tu réapprends à te faire confiance.

Je garde un petit carnet pour les « signes » : ces coïncidences troublantes, ces synchronicités de la vie, ces rêves lumineux, ces phrases croisées par hasard et qui résonnent trop fort. Avec le temps, ces notes deviennent une boussole. Ton journal t’enseigne ta propre langue intérieure.

---

5. Écrire libère la créativité

Tu crois peut-être ne pas être « créative ». 

C’est faux. 

Toute personne qui écrit régulièrement finit par découvrir qu’elle porte en elle un monde. Les mots sont des graines. Ils germent, se transforment, se lient entre eux.

En m’accordant cet espace d’écriture intime, j’ai vu naître des histoires, des poèmes, des projets que je n’aurais jamais osé rêver. Le journal est un laboratoire secret, un jardin d’essai. Tu peux y raturer, explorer, t’inventer.

La créativité n’est pas un luxe : c’est une force de vie. Et écrire est une de ses portes les plus puissantes.

---

6. Écrire t’ancre dans l’instant

Paradoxalement, tenir un journal te relie autant au passé qu’au présent. Car pour écrire, il faut être là. Ressentir. Nommer.

Quand tu décris ta journée, ton humeur, les odeurs du soir ou la lumière sur la tasse de café, tu te reconnectes à l’ici. Tu habites ton corps, ton souffle, tes sensations. Et dans un monde qui nous pousse à fuir, à scroller, à courir, c’est précieux.

Souvent, écrire m’a sauvé de la dispersion. D’un coup, je revenais à moi. À ce que je vivais, maintenant. C’est une forme de méditation en mouvement. Une façon très concrète de ralentir.

---

7. Écrire crée un fil sacré avec ton âme

C’est peut-être la raison la plus intime. Et la plus mystérieuse. 

Écrire, au fond, c’est prier. Pas une prière religieuse, non. Une prière à toi-même, à la Vie, à ce qu’il y a de plus grand en toi.

Certaines pages surgissent comme dictées. Tu écris, et en même temps, tu reçois. Des phrases que tu ne « pensais » pas. Des intuitions claires. Des appels. Il y a quelque chose de sacré dans cet espace-là. Une connexion qui dépasse le mental.

Ton journal devient alors un autel. Un grimoire. Un portail.

---

Témoignage personnel : un carnet, une renaissance

Il y a quelques années, j’ai traversé une très dure période de fracture. 

Tout s’effondrait : projets, repères, énergie. 

J’étais seule avec mes enfants, le corps épuisé, l’âme en friche. Je n’avais plus rien à quoi me raccrocher.

 Sauf un carnet.

Chaque soir, même trois lignes. Même un seul mot. Même une date, une émotion. 

Ce petit geste, presque dérisoire, m’a reconstruite. Page après page. Il m’a permis de ne pas sombrer.

Aujourd’hui encore, ce carnet est là. Il est fripé, tâché de cappuccino, gonflé d’anciens pleurs. Il est moche mais et je l’aime profondément. Il m’a ramenée à moi.

---

Et toi ? Prête à écrire pour changer ta vie ?

Je ne dis pas que l’écriture va tout résoudre. Non.

Je dis qu’elle peut tout transformer. 

Parce qu’elle te remet en lien. 

Parce qu’elle te rend actrice de ton récit. 

Parce qu’elle ouvre un passage là où il n’y en avait plus.

Tu n’as pas besoin d’écrire bien. Tu n’as pas besoin d’écrire beaucoup. Tu as juste besoin de commencer.

---

Il suffit parfois d’une plume pour faire jaillir un monde.

Et si ce monde était le tien ?